La semence est-elle un vecteur ? – Mise à jour de la liste ISTA des maladies des semences.

26 Juin 18 Image

La semence est-elle un vecteur ? – Mise à jour de la liste ISTA des maladies des semences.

Garantir la santé des semences est primordial pour éviter la dissémination des ravageurs à travers le monde notamment via les échanges commerciaux. Les ravageurs dits « seed-borne » sont portés par les semences de façon externe et/ou interne. Ceux dits « seed-transmitted » sont des pathogènes « seed-borne » qui sont en plus transmis par la semence à la plantule lors de la germination.  

Les règles phytosanitaires d’importation de lots de semences définies par les organisations nationales de protection des plantes sont en partie basée sur l’ouvrage « An annotated List of Seed-borne Diseases » (1ère édition en 1958, dernière mise à jour en 1990) qui nécessite une mise à jour. 

Il y a quelques années, une large revue de la littérature scientifique a été entreprise dans le cadre d’un projet européen pour identifier des références bibliographiques sur les ravageurs des semences. L’ensemble des données, couvrant 375 genres de plantes hôtes, a été intégré dans une base de données dédiée par l’ISTA (International Seed Testing Association), en attendant leur validation par un panel d’experts scientifiques internationaux. Pour éviter toute redondance, les références concernant les espèces potagères ont été confiées à l’ISF (International Seed Federation). A l’ISTA, le comité pour la santé des semences (SHC, Seed Health Committee) se concentre sur les espèces non potagères. 

Le projet « liste des bioagresseurs » initié en 2018 a été confié par l’ISTA au GEVES. Il consiste à analyser les références bibliographiques existantes et à mener une enquête auprès d’un comité scientifique pour proposer une liste à jour de bioagresseurs. Il est porté par Nicolas Denancé, sous la responsabilité de Valérie Grimault, Directrice du laboratoire de phytopathologie de la SNES et Présidente du SHC de l’ISTA. Le projet se focalise sur 11 espèces : avoine, blé, colza, coton, luzerne, orge, riz, soja, sorgho, tournesol et triticale. En tout, plus de 2500 références, concernant 259 ravageurs des semences, des méthodes de traitement des semences et d’autres aspects plus généraux sont étudiées. Une liste réduite de 300 références concernant plus particulièrement les pathogènes des semences a été établie pour une analyse plus approfondie. Ces articles sont soumis à un comité d’experts internationaux issus de laboratoires publics ou d’entreprises semencières privées, afin d’en vérifier la pertinence scientifique. Plusieurs questions sont posées pour chaque article :   

  • L’espèce végétale est-elle un hôte du bioagresseur ? 
  • Le bioagresseur peut-il être considéré comme un contaminant ou un saprophyte ?  
  • L’article confirme-t’il que le bioagresseur infecte la semence (« seed-borne ») ?  
  • Un test de transmission par la semence a t’il été réalisé ? Si oui, quels protocoles et conditions (au champ ou au laboratoire) ont été employés ?  
  • Sur la base d’un tel test, peut-on conclure que le bioagresseur est transmis par les semences (« seed-transmitted ») ? 

Une fois collectées et analysées, ces données contribueront à définir une liste précise des bioagresseurs pour lesquels la semence est un vecteur de dissémination. Ces informations seront centralisées dans la base de données de l’ISTA et accessibles par l’ensemble de la communauté des professionnels des semences à la fin de l’année 2018. Toute personne – ayant une expertise pour l’une ou l’autre des 11 espèces incluses dans le projet et/ou les ravageurs associés – souhaitant contribuer à la mise à jour de la liste est invitée à nous contacter. 

 

Fusarium graminearum, un champignon pathogène du blé pour lequel la semence est un vecteur. Symptômes de fusariose sur épis de blés en champ, provoqués par F. graminearum (a). F. graminearum est un pathogène des semences (« seed-borne ») : des semences infectées présentent une coloration rose (b), et le champignon peut être isolé à partir de semences infectées sur milieu gélosé de type malt-agar (c), permettant une observation microscopique ultérieure d’ascospores après coloration au bleu de toluidine (d). F. graminearum est transmis par les semences (« seed-transmitted ») : des plantules de blé issues de semences infectées présentent des symptômes caractéristiques (e). Crédit : @GEVES.  

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