Un catalogue de variétés pour toutes les situations de production

Un catalogue de variétés pour toutes les situations de production

Un catalogue pour toutes les agricultures

Loin d’être monolithique et figé, le catalogue officiel des variétés est en constante évolution, afin de répondre, aux besoins des différentes situations de production agricole et horticole françaises, des utilisateurs et de la société civile par la mise en marché de variétés adaptées. Si, à la sortie de la deuxième guerre mondiale, l’urgence était d’améliorer la productivité de l’agriculture française et d’assurer la sécurité alimentaire du pays, cette demande a profondément évolué ces vingt dernières années notamment avec le Grenelle de l’Environnement, et plus récemment, les lois sur la biodiversité et les Etats Généraux de l’Alimentation. La demande actuelle ? Développer une agriculture toujours plus respectueuse de l’environnement, de la santé et de la biodiversité, et mieux répondre à la diversité de cette agriculture (terroirs, utilisations et utilisateurs, systèmes de culture) et en particulier aux besoins de l’agriculture biologique. Par ailleurs, il est nécessaire de tenir compte du changement climatique et anticiper les variétés et espèces qui permettront de s’y adapter.

En définissant les caractéristiques variétales requises, les règlements d’inscription au catalogue officiel sont un levier d’orientation vers les nouvelles variétés attendues. Pour les plantes agricoles (les grandes cultures, les fourrages et les gazons), un élément marquant des évolutions récentes est la transformation des épreuves VAT (Valeur Agronomique Technologique) en VATE (Valeur Agronomique Technologique et Environnementale) en 2011 en intégrant une dimension environnementale plus forte : conduites d’essais moins intensives, renforcement de la caractérisation des variétés vis-à-vis de leur comportement face aux maladies et aux autres bioagresseurs et efficience vis-à-vis de l’eau et de l’azote, prise en compte des interactions génotype environnement.

Pour être proposée à l’inscription, une nouvelle variété doit remplir les conditions suivantes :

  • être désignée par une dénomination approuvée conformément aux règles applicables, pour éviter des confusions entre variétés d’une même espèce lors de leur commercialisation,
  • être reconnue Distincte, Homogène et Stable. La DHS permet de garantir l’identité de la variété, elle est la base de la traçabilité lors de sa mise sur le marché et de de la protection des droits de l’obtenteur. La description des variétés est basée sur des traits morphologiques et de couleur, des traits phénologiques et, principalement pour les espèces légumières, des résistances génétiques à des pathogènes et insectes.
  • et pour les espèces des plantes agricoles apporter un progrès par rapport aux variétés disponibles, épreuves de VATE.

Ces règles sont :

  • définies par les commissions et sections du CTPS (Comité Technique Permanent de Sélection des Plantes Cultivées) instance participative du Ministère de l’Agriculture rassemblant par espèce tous les acteurs de la filière,
  • et tracées dans les règlements techniques approuvés par le Ministère et publiés au Journal Officiel.

Elles sont présentées, par grand groupe d’espèces, dans les pages Variétés et semences du site

Diversité des milieux pédo-climatiques français

Pour certaines espèces agricoles (maïs, tournesol, soja) la diversité de l’offre climatique et en particulier le cumul des températures pendant le cycle végétatif est prise en compte par des réseaux d’essais au champ correspondant aux précocités des variétés. Pour les blés (blé tendre et blé dur), il existe également différentes zones de dépôts (nord et sud).

La diversité des milieux pédo-climatiques est principalement prise en compte par la recherche de variétés répondant en moyenne aux milieux de production les plus fréquents en France (ou dans la zone d’étude). Les sites d’expérimentation sont ainsi positionnés dans les départements où la culture est la plus présente.

Diverses pistes sont actuellement explorées, dans des programmes de recherche, pour pouvoir mieux prendre en compte cette diversité. La caractérisation des conditions d’expérimentation (projet Carabiot) et la valorisation des interactions variétés x environnement-conduite doivent permettre de produire une information sur les performances de la variété plus riche que la seule valeur moyenne (projet Caravage). Le projet Optirés, teste des plans d’expérimentations et de méthodes d’analyses statistiques pour contrôler l’hétérogénéité du champ d’expérimentation, permettant l’expérimentation dans des milieux difficiles (hydromorphie, sols superficiels, …) peu représentés dans les réseaux d’inscription.

Diversité des utilisations et utilisateurs

Cette diversité est largement prise en compte à l’inscription, et de nouvelles utilisations possibles sont régulièrement intégrées.

En effet, selon l’utilisation finale de destination de la variété étudiée, le catalogue permet de tester ces caractères technologiques des variétés. Quelques exemples :

  • Les pommes de terre de consommation des pommes de terre à chair ferme grâce à une série de tests technologiques spécifiques.
  • Il existe différentes rubriques de maïs : fourrage, grain, grain et fourrage, grain blanc, riche en huile et waxy.
  • Pour le tournesol, les hautes teneurs en acide oléique sont distingués des tournesols classiques.
  • Le catalogue teste aussi le potentiel de panification du blé ….

Chaque rubrique présente des témoins, des analyses de valeur technologique, voire des réseaux d’évaluation spécifiques.

La mise en place de modalités spécifiques pour l’inscription des plantes de services (plantes dont la finalité de la culture n’est pas la récolte mais le service écosystémique qu’elle rend) en 2015, est également un exemple de la prise en compte de nouveaux usages des plantes.

Pour les plantes légumières, le marché des semences est sectorisé en différents groupes d’utilisateurs aux attentes bien différentes. Si une grande partie des maraîchers professionnels souhaite des variétés contemporaines au rendement optimal, à l’homogénéité la plus élevée possible et avec le moins de défauts sur la récolte pour répondre aux cahiers des charges de leurs clients (conserveurs, metteurs en marché agrégeant les récoltes de plusieurs maraîchers, …), il peut en être tout autrement pour des maraîchers de ceintures vertes notamment ou pour les jardiniers amateurs qui peuvent rechercher plutôt des variétés originales ou des variétés anciennes à forte valeur patrimoniale et pour qui l’homogénéité n’est pas nécessairement recherchée . Pour répondre à ces demandes, de nouvelles listes du catalogue officiel ont été créées depuis une dizaine d’années. La liste c (variétés de conservation) permet ainsi d’inscrire des variétés anciennes cultivées traditionnellement dans des régions spécifiques et menacées d’érosion génétique (cette liste existe également pour les espèces agricoles, liste C). La liste d (créée d’abord en France il y a plus de 20 ans sous le nom explicite de « registre annexe de variétés anciennes pour amateurs » et reprise ensuite au niveau européen sous le vocable de « variétés sans valeur intrinsèque ») permet l’inscription de variétés intéressants les amateurs qu’elles soient anciennes ou contemporaines.

Le Catalogue est donc constitué de plusieurs listes en réponse aux attentes de différents types d’utilisateurs.

Diversité des systèmes de culture

Pour les espèces agricoles, les responsables des études VATE sont très vigilants quant à la représentativité des conduites des essais par rapport à celles de la ferme France, la conduite des essais CTPS n’est pas une conduite recherchant le rendement maximum. Quelques exemples :

  • La restriction de l’usage des régulateurs de croissance limite la fertilisation azotée dans les essais céréales à paille et colza.
  • Pour le colza, les préconisations pour le choix de la parcelle sont : des situations diversifiées au niveau travail du sol, des précédents, du type de fumure (organique ou uniquement minérale).
  • Pour la betterave sucrière, la protection fongicide est pilotée sur la base d’observations faites sur une variété peu sensible aux maladies foliaires.
  • Pour les séries B et C du sorgho, les variétés sont étudiées dans 2 sous-réseaux, l’un est en conditions limitantes pour l’alimentation hydrique, l’autre en conditions non ou faiblement limitantes.

L’évaluation des variétés lors des études conduites pour l’inscription permet de décrire les principales caractéristiques variétales, comme la précocité, les comportements vis-à-vis des principales maladies et de quelques autres bioagresseurs, la résistance vis-à-vis de certains accidents climatiques (froid hivernal, verse pour les céréales à paille), la taille et le port de la plante. Cette description, qui sera précisée lors des études de post-inscription, est une première base pour juger de l’adaptation d’une variété à un système de culture.

La nécessité de la prise en compte de l’Agriculture Biologique dans le catalogue est une nouvelle opportunité d’évolution pour l’actualisation, l’adaptation ou la diversification des règles d’inscription en réponse aux enjeux actuels.

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