Vous avez dit Tip-Top, la carotte nantaise ?
Pour des variétés anciennes connues avant 1970, essentiellement d’espèces allogames, la directive 2002/55/CE et la précédente directive datant de 1970 concernant la commercialisation des semences de légumes permettent depuis plus de 40 ans et encore aujourd’hui de sélectionner, à l’intérieur de ces variétés au domaine de définition assez large, un sous-ensemble sur un ou plusieurs critères et de les diffuser selon des modalités précises.
C’est ainsi que les maraîchers et jardiniers peuvent disposer de variétés telles que la carotte « Nantaise améliorée 2 – Tip Top » ou la betterave « Détroit 2 – Drako » ou encore la chicorée scarole « Grosse Bouclée 2 – Stratego ». De l’exemple de la carotte, on comprend que le sous-ensemble dénommé « Tip Top » a été sélectionné à l’intérieur de la variété ancienne « Nantaise améliorée 2 ».
En termes réglementaires, la législation européenne dénomme ces sous-ensembles d’une variété ancienne connue avant le 01/07/1970 comme des « sélections conservatrices ». Pour sa part, la législation française a défini un nom plus précis pour ces « sélections conservatrices » au travers des « races ». S’agissant d’un sous-ensemble d’une variété, une race ne peut pas faire l’objet d’un Certificat d’Obtention Végétale.
Cet axe de sélection reconnu par les législations européenne et française permet ainsi une adaptation à des itinéraires agronomiques contemporains de ces variétés anciennes de légumes aux valeurs patrimoniale et d’usage fortes auxquelles nombre de maraîchers et de jardiniers amateurs sont attachés. Elles peuvent faire l’objet d’une sélection de type massale tout en restant dans la typologie identitaire de la variété ancienne. Cette sélection interne peut viser une résistance à la montaison, une pommaison plus rapide, une moindre sensibilité à certains déséquilibres physiologiques (« cul noir » chez la tomate, …), etc.
Concernant la gestion réglementaire de ces races, les points suivants permettent une gestion équilibrée entre les besoins de la maintenance opérationnelle par les établissements semenciers et un degré minimal d’information des autorités et des filières :
- les établissements mainteneurs doivent informer le CTPS/GEVES (e. le Secrétaire Technique) concernant la diffusion de la / des race(s) associée(s) à leur variété ancienne d’origine.
- pour une variété ancienne donnée, ne peuvent enregistrer et diffuser des « races » que des établissements reconnus mainteneurs officiels de la variété ancienne d’origine ; en conséquence, la diffusion d’une à plusieurs races par variété ancienne par un établissement semencier est soumise à la réussite des contrôles maintenance quinquennaux portant uniquement sur la variété ancienne d’origine,
- en termes techniques, une « sélection conservatrice » ou « race » doit rester conforme à la description de la variété d’origine ; elle peut en différer légèrement, mais rester dans le domaine de définition de la variété, ce que la Section CTPS a transcrit en « rester conforme lors d’un contrôle variétal »,
- il est permis de faire mention sur l’étiquette de semences d’une telle sélection conservatrice ou race en indiquant le nom de la variété ancienne d’origine ainsi que le nom de la race de sorte que le nom de la race ne soit pas plus visible que le nom de la variété d’origine.
Une liste des races par variété ancienne est mise à jour par le CTPS sur la base des déclarations des établissements mainteneurs.
Chaque établissement est invité à communiquer au Secrétaire Technique de la Section CTPS Plantes potagères et maraîchères les races qu’il diffuse ainsi que leur variété d’origine.
Les établissements sont ainsi libres de diffuser autant de races par variété ancienne qu’ils le souhaitent à la condition d’avoir fourni un lot de semences de la variété ancienne conforme au standard conservé au GEVES.