L'agroécologie au cœur de l'évaluation variétale

L’agroécologie repose sur la conception de systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes pour améliorer les productions végétales tout en visant à diminuer les pressions sur l’environnement et à préserver les ressources naturelles. Elle est notamment basée sur l’accroissement des services rendus par les cultures et de la diversification des systèmes de culture, entraînant un besoin de plus d’espèces et de variétés adaptées.

Le GEVES et le CTPS ont à cœur d’accompagner l’agriculture française dans sa transition agroécologique en lien avec les objectifs définis par la filière semences et plants (plans SPAD). Cette volonté alimente les orientations données par le Comité Scientifique du CTPS. C’est également l’un des axes de la stratégie GEVES 2030 et de sa politique R&D 2024-2028 visant à innover en matière d’évaluation des variétés au service de l’agroécologie au sein des réseaux d’essais et des sites d’expérimentation du GEVES.

Quelles variétés pour l’agroécologie ?

Le Comité Scientifique du CTPS a été mandaté par le Comité Plénier du CTPS pour apporter un éclairage, sur la base de la littérature scientifique et technique, sur ce qu’implique la transition agroécologique en termes d’espèces, de variétés, de sélection, d’évaluation et de production de semences et de plants, afin d’alimenter une réflexion sur l’évolution du dispositif règlementaire d’inscription des variétés.

Cette saisine, conduite entre septembre 2020 et octobre 2021, restituée au Comité Plénier en novembre 2021, constitue une contribution importante à la réflexion sur le futur de l’agriculture, la nécessaire évolution de l’offre variétale, de la façon de constituer cette offre et sur le rôle du CTPS pour l’orientation et l’évaluation du progrès génétique. Elle alimente le plan SPAD2.

L’étude souligne le besoin :

  • d’explorer de nouvelles structures variétales et de nouvelles compositions spécifiques et variétales dans les communautés cultivées
  • d’introduire de nouvelles espèces pour obtenir de nouveaux services écosystémiques,
  • d’explorer de nouvelles structures de couvert, avec par exemple des plantes de service, des cultures compagnes ou de l’agroforesterie.

Ces contextes nouveaux signifient de nouveaux traits à phénotyper au moment de la création variétale et à évaluer au moment de l’inscription, traits dont certains restent encore à préciser. Elle met par ailleurs en avant la nécessité de penser, de créer et donc d’évaluer une variété dans son système de production, conduisant à combiner plus finement l’amélioration génétique, l’agronomie, mais aussi et plus largement l’ensemble des modalités et des ressources pour la conduite et la protection des cultures. Cela va également requérir que toutes les technologies soient mobilisées au service de cet objectif. Une interdisciplinarité repensée est indispensable. La réussite de cette transition majeure en matière d’offre d’espèces, de variétés, de semences et de plants nécessite que la dynamique ne soit pas seulement française, mais qu’elle soit européenne et internationale.

Rapport de saisine « Quelles variétés pour l’agroécologie ? »

Résumé exécutif – Version française

L’évaluation des variétés pour l’agroécologie

Avec l’évolution du contexte de production agricole (transition agroécologique, développement de l’agriculture biologique, changement climatique…), les conditions et les critères d’inscription des variétés doivent être ajustés en lien avec les objectifs des Plans SPAD et les conclusions de la saisine « Quelles variétés pour l’agroécologie ».

Les variétés candidates à l’inscription sont évaluées dans des réseaux d’essais diversifiés en termes de pratiques culturales. Il peut être fait référence notamment à l’inclusion dans nos réseaux nationaux d’évaluation des variétés :

D’autres pratiques sont mises en place à l’échelle du réseau d’évaluation pour limiter l’utilisation des intrants chimiques et favoriser les variétés plus tolérantes ou plus efficientes.

  • Pour l’évaluation des variétés de betterave, le déclenchement de traitements fongicides repose sur le comportement d’une variété témoin tolérante aux maladies foliaires.
  • L’évaluation des variétés de colza est faite dans des essais conduits avec 40 unités d’azote de moins que la dose optimale préconisée (soit -20% d’azote apporté en moyenne).

Des caractéristiques variétales d’intérêt pour l’agroécologie sont également évaluées et peuvent être considérées dans la décision d’admissibilité des variétés à l’inscription au Catalogue français.

Culture de colza sous couvert de féverole de printemps

Le GEVES poursuit sa réflexion et ses actions pour l’évaluation de variétés pour l’agroécologie notamment à travers son implication dans des programmes et projets de recherche. Dernièrement le projet AgroEcoPhen financé par le PEPR AgroEcologie et Numérique (2023-2028) qui vise à améliorer l’évaluation des variétés d’une part par le déploiement de dispositifs de phénotypage et d’envirotypage dans un nombre élargi de parcelles expérimentales, et d’autre part par le développement d’analyses de données permettant l’accès à des traits d’intérêt innovants en lien avec l’agroécologie.

Préserver la biodiversité dans les stations expérimentales

La biodiversité est au cœur des principes de l’agroécologie. Par le jeu des régulations naturelles, elle fournit une partie des services écosystémiques contribuant à la réduction de l’usage d’intrants dans nos systèmes agricoles. Adapter nos pratiques et favoriser la biodiversité au sein de nos stations expérimentales est donc un enjeu primordial pour évaluer les variétés de demain.

Dans sa stratégie 2030, le GEVES ambitionne ainsi de renforcer sa transition agroécologique dans la conduite de ses 5 domaines expérimentaux en :

  • diminuant significativement l’usage des produits phytopharmaceutiques et notamment ceux classés CMR ou PE (perturbateurs endocriniens) ;
  • renforçant la préservation de la ressource en eau et en réduisant ses apports d’engrais minéraux ;
  • évaluant la biodiversité présente sur ses sites expérimentaux et la restaurant quand cela est nécessaire.

C’est pourquoi, chaque station favorise la mise en œuvre de pratiques culturales respectueuses de l’environnement, l’implantation et l’entretien d’infrastructures agroécologiques (haies, mares, jachères, bandes enherbées, …) ou de toute autre action telle que l’installation de nichoirs, de perchoirs, de ruches, …, contribuant au maintien voire à l’augmentation de la biodiversité dans nos parcelles et abords.

Un relevé mensuel de la biodiversité est également réalisé sur deux de nos stations qui participent ainsi à l’Observation Agricole de la Biodiversité (OAB) dans le cadre de leur adhésion au réseau ARBRE, un réseau d’agriculteurs en Pays de la Loire, pour progresser dans la conciliation biodiversité et agriculture.

Et pour évaluer et assoir ces bonnes pratiques, les 5 unités du GEVES s‘engagent dans une démarche de certification environnementale des exploitations agricoles de niveau 3 « Haute Valeur Environnementale (HVE) ». 

Pour plus de détails et connaître les actions mise en place par chaque unité expérimentale cliquez ici.