Vers des variétés plus économes en azote

26 Juin 24 Image

Vers des variétés plus économes en azote

L’agriculture est responsable de près de 20% des gaz à effet de serre émis en France et de près de 90% des émissions nationales de protoxyde d’azote fortement liées à la fertilisation azotée (minérale ou organique). L’azote est un élément nutritif essentiel à la croissance des cultures, pour lequel il existe de nombreux leviers pour en optimiser l’usage et en limiter l’impact sur l’environnement. Parmi eux, le levier variétal est une des stratégies mobilisables préconisées par le Plan Semences et Plants pour une Agriculture Durable (SPAD2) et pour lequel des travaux sont actuellement conduits par le GEVES et ses partenaires afin de favoriser l’innovation variétale dans ce domaine.

Le CTPS a pour volonté d’évaluer des variétés candidates à l’inscription pour leur comportement vis-à-vis de la fertilisation minérale azotée afin de soutenir la transition agroécologique. Depuis 2012, le réseau d’expérimentation du colza est conduit en réduisant la dose d’azote optimale préconisée afin de favoriser des variétés plus économes en azote (depuis 2015, 40 unités d’azote minéral appliquées en moins par rapport aux préconisations, soit une réduction de près d’un quart par rapport à la moyenne des doses de référence du réseau d’essais). Côté céréales à paille, le réseau d’expérimentation national du blé tendre inclut depuis 2013 des essais à deux niveaux de fertilisation (à dose optimale d’azote et à dose réduite de 80 unités) afin d’observer le comportement des variétés candidates en situation de restriction azotée. Après plus de 10 ans d’application de ces règles d’évaluation, le CTPS et le GEVES ont souhaité faire le bilan de ces pratiques et identifier les pistes pour encourager l’inscription de variétés plus efficientes vis-à-vis de l’azote.

Après la constitution par le GEVES d’un groupe de travail début 2023, composé d’une part d’experts de l’azote, ayant un lien ou non avec l’évaluation variétale, et d’autre part des experts de commissions CTPS Blé tendre ou Colza et le travail d’enquête d’une apprentie ingénieure (sur 2022/2023) auprès des acteurs de la filière semences sur les attentes en matière d’efficience d’utilisation de l’azote des variétés, les commissions VATE de ces 2 espèces travaillent actuellement sur le sujet. La commission VATE Colza a ainsi organisé le 22 mai dernier une journée d’échange sur l’évaluation des variétés de colza efficientes vis-à-vis de l’azote afin d’en préciser la définition et de travailler sur la co-construction d’un protocole d’expérimentation permettant de caractériser des variétés tolérant mieux les déficits en azote (induits ou provoqués). Ce fut l’occasion de partager les dernières connaissances techniques et scientifiques sur l’azote et les variétés. Plus d’informations à venir.

Quelles pistes pour encourager l’inscription de variétés de colza et de blé tendre plus efficientes vis-à-vis de l’azote ?

Axelle Mabille 2023, Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur diplômé de l’Institut Supérieur d’Agriculture- JUNIA

Principales conclusions du travail d’Axelle Mabille, 2023

  • Le levier variétal est perçu par les acteurs de la filière semence comme ayant un grand potentiel d’amélioration pour répondre aux enjeux liés à la fertilisation minérale.
  • Globalement, les attentes diffèrent selon les espèces et les acteurs filière, nécessitant de prendre en compte les particularités de chaque espèce. Par exemple, en blé tendre d’hiver, il est pris davantage en considération l’impact d’une réduction de l’azote sur la teneur en protéines qu’en colza.
  • Des attentes communes ont toutefois été identifiées permettant la mutualisation de réflexions ou de l’effort de recherche, notamment en matière de capacité à caractériser les environnements et à prendre en compte les interactions génotypes – environnement dans l’évaluation des variétés.
  • Des variétés économes en azote qui maintiennent de bons potentiels de rendement et de teneur en protéines en situation limitante sont attendus par les filières.
  • Pour les identifier des pistes d’évolution des réseaux d’essais ou des pratiques ont été proposées : par exemple en intégrant des essais spécifiques d’étude du comportement vis-à-vis de l’azote en colza ou en travaillant sur le type de stress azoté à appliquer (réduction en pourcentage, en unités d’azote, suppression d’un ou plusieurs apports) en fonction du stade de la culture dans les essais dédiés de ces deux espèces.
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