Un collectif mobilisé pour la maintenance des variétés anciennes
Le 16 juillet dernier, sur la station GEVES Cavaillon, différents acteurs impliqués dans la maintenance et la diffusion de variétés anciennes de légumes et des représentants de SEMAE et du GEVES ont partagé sur les composantes réglementaires, techniques et financières permettant de pouvoir maintenir ou inscrire au Catalogue officiel ces variétés anciennes dotées d’une valeur patrimoniale parfois très importante. Organisée tous les 3 ans, la réunion de juillet 2024 fut ainsi la 3ème réunion organisée sur cette thématique avec des échanges en salle et dans les essais du GEVES pour illustrer les problématiques rencontrées par la maintenance de cette diversité variétale.
Avec près de 500 variétés anciennes légumières inscrites au Catalogue officiel français (listes a, b, c et d) sur un total de près de 2900 variétés légumières, les jardiniers et les maraîchers disposent d’un nombre conséquent de variétés régulièrement contrôlées via les essais au GEVES, variétés qu’ils ont l’habitude de cultiver et auxquelles ils peuvent être attachés au regard de la valeur patrimoniale souvent forte de ces variétés. Une variété patrimoniale est notoirement connue sur un territoire et représentative de l’agricole ou horticole française. Par ailleurs, elle est souvent emblématique d’une région.
Inscrites pour une majorité d’entre elles dès l’ouverture du Catalogue officiel français en 1952 en listes a et b, la création du registre français annexe des variétés anciennes pour amateurs en 1997 avec quelques 250 variétés a permis d’élargir le nombre de variétés anciennes avec un minimum de contrôles officiels. Transférées en 2012 dans la liste d alors créée via une directive communautaire, les quelques 300 variétés de l’ancien registre annexe se retrouvent ainsi dans cette liste d dont l’usager principal est le jardinier amateur. A noter néanmoins que si l’essentiel des variétés en liste d sont des variétés anciennes dont l’époque de création varie de la fin du 19ème siècle au début des années 80, la liste d inclut également des variétés créées récemment. Enfin, il existe une liste c créée également en 2012 : elle ne contient que des variétés anciennes légumières menacées d’érosion et leur diffusion n’est pas limitée aux amateurs.
Au-delà des échanges permis entre différents opérateurs impliqués dans la maintenance et l’inscription de variétés anciennes légumières, cette 3ème journée GEVES-SEMAE sur la maintenance des variétés anciennes légumières du 16/07/2024 a permis de présenter et d’échanger sur les modalités réglementaires mises en œuvre pour l’inscription et les contrôles officiels réalisés dans le cadre de la maintenance de ces variétés anciennes. Afin d’illustrer les modalités de contrôles officiels en pratique et les difficultés rencontrées pour valider un lot de semences lors de la demande d’inscription ou lors d’une demande d’un nouvel établissement semencier pour être reconnu comme mainteneur conforme, les participants ont pu visiter les essais de contrôle de maintenance tomate qui comprend plus de 40 variétés anciennes et celui des courges. Au-delà des échanges riches entre les participants sur la caractérisation des variétés, il a été rappelé que les semences diffusées doivent donner des plantes et des fruits (pour les légumes fruits !) qui soient conformes à leur identité historique telle que décrite dans des ouvrages de référence.
Quant aux modalités financières d’inscription et de soutien à la maintenance, ce point représente un volet significatif pour de telles variétés dont la taille de marché peut varier très significativement selon la variété. Dans ce cadre, le soutien financier du ministère de l’Agriculture pour les variétés en demande d’inscription en liste c et celui de SEMAE pour les variétés en liste d a été rappelé aux participants. En parallèle, SEMAE a exposé les modalités du Fonds dédié à la maintenance des variétés anciennes mis en œuvre pour la première fois en 2020 ; il porte à la fois sur des variétés en cours d’inscription que sur des variétés déjà inscrites avec une taille contrainte de marché ou dans le cadre d’une sélection conservatrice nécessitant ponctuellement des travaux plus importants. Depuis sa création, 77 variétés ont été soutenus.
Durant cette journée, l’Union des Ressources Génétiques du Centre a eu l’occasion d’exprimer un retour d’expériences en matière d’actions de conservation et d’expérimentation maraichère permettant ainsi d’identifier une voie de valorisation pour chaque variété. Les travaux en cours pour le sauvetage de la Sucrine du Berry pilotés par l’URGC et financés par le Fonds de Dotation pour la Biodiversité ont permis d’échanger et de partager des méthodes de travail.
Enfin, les travaux de la Coordination Nationale de conservation des Ressources Phytogénétiques (RPG) en matière d’identification des variétés patrimoniales radiées et encore présentes dans les collections DHS du GEVES ont été exposés. Ce travail vise à identifier que ces variétés sont effectivement conservées quelque part (structures de conservation de RPG type Centre de Ressources Biologiques existant pour un certain nombre d’espèces). Dans le cas contraire, une mise en place de schémas de conservation adaptés pour les espèces orphelines d’acteurs de conservation de RPG devra être organisée et prendre en compte le nombre d’acteurs intéressés et leur implication, le nombre de variétés à conserver ainsi que les moyens techniques pour assurer une conservation pérenne (coordination, gestion des stocks, banques de stockage, mise à disposition, …).