Comment évaluer les variétés à l’inscription dans le contexte du changement climatique ?

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Comment évaluer les variétés à l’inscription dans le contexte du changement climatique ?

Le changement climatique est une réalité qui affecte la société tout entière, et l’agriculture en particulier. De nombreux leviers sont mobilisables, parmi lesquelles la génétique végétale. Le Comité Scientifique du CTPS, chargé de réaliser une saisine sur l’évaluation des variétés dans le contexte du changement climatique, a présenté lors du Comité Plénier du CTPS du 21 novembre les conclusions de ses travaux. Le CS du CTPS recommande de renforcer la capacité d’anticipation et d’orientation du CTPS vis-à-vis du changement climatique, en mettant en place des orientations structurantes. Les essais doivent être mieux caractérisés via l’envirotypage, et les données obtenues dans les évaluations mieux valorisées.

D’ici 2050, une augmentation moyenne des températures de +2 à +3°C est à attendre en France, avec des aléas climatiques en augmentation (sécheresse, vagues de chaleur, gel tardif, orages et grêle). Ce dérèglement climatique aura divers effets sur l’agriculture, via l’augmentation des températures et du CO2 atmosphérique, l’intensification des vagues de chaleur et la sécheresse. Cela pourrait entrainer un raccourcissement des cycles de culture, un besoin accru d’irrigation pour ne pas perdre les cultures, ainsi qu’un changement de rythme de reproduction des ravageurs des cultures. La combinaison de ces stress est encore mal connue. Le levier variétal est un levier d’action parmi d’autres en réponse au changement climatique.

Pour répondre aux enjeux du changement climatique, il faudra opérer un basculement des priorités pour un grand nombre d’espèces, passant de l’amélioration du potentiel de rendement à une stabilisation du rendement par l’amélioration de la résistance aux stress abiotiques et à une meilleure utilisation des nutriments. L’enjeu de la résistance aux stress biotiques est également renforcé. Il apparait par ailleurs essentiel de considérer l’apport des ressources phytogénétiques dans l’adaptation au changement climatique, car elles composent un véritable réservoir d’allèles d’intérêt.

Les différentes sections du CTPS sont d’ores et déjà confrontées à ces différents stress en lien avec le changement climatique, notamment le manque de précipitations à des phases clés de développement des cultures, les températures élevées, et le développement de bioagresseurs. Cela pose des difficultés techniques de conduite des essais, de pertinence des observations morphologiques, mais également des problèmes de validation des essais.

L’évaluation de l’aptitude d’adaptation des variétés au changement climatique nécessitera une caractérisation des environnements d’essai, à travers l’envirotypage. Le CS du CTPS propose de considérer la survenue d’un aléa comme un évènement d’intérêt, informatif, qu’il faut être en mesure d’exploiter, et cela passe par une description fine des environnements rencontrés pour les différents essais.

Le CS du CTPS recommande de renforcer la capacité d’anticipation et d’orientation du CTPS vis-à-vis du changement climatique, en mettant en place des orientations structurantes (nouveaux bonus, choix des lieux et des conditions d’essais, évolution des types variétaux). Dans chaque section, il convient d’expliciter les effets attendus du changement climatique sur chaque espèce, de définir les traits affectés et les traits d’intérêt, de renforcer la réflexion sur les performances variétales en valeur moyenne et en variance et d’introduire la notion de risque liée à la stabilité des performances variétales. Les essais doivent être mieux caractérisés via l’envirotypage, et les données obtenues dans les évaluations mieux valorisées. Il est recommandé de mobiliser autant que de possible les essais mis en œuvre par les sélectionneurs au cours du processus de sélection pour identifier des comportements variétaux intéressants face aux effets attendus du changement climatique. Au regard des effets induits par les changements climatiques et notamment les variations interannuelles, il est important de sécuriser les lieux où les essais DHS sont conduits pour produire des données de qualité.

L’adaptation au changement climatique va demander des ruptures dans nos modes de fonctionnement et dans nos modes de conception. Ce peut être l’occasion d’une mobilisation nouvelle des relations au niveau européen, entre les différents dispositifs nationaux d’inscription des variétés et entre les différents offices d’examen.

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